La SaintéLyon, ce n’est pas qu’une simple course. C’est une expérience. Une aventure de plus de 80 kilomètres entre Saint-Étienne et Lyon, à parcourir de nuit, souvent dans le froid, et qui met les nerfs et le corps à rude épreuve.
En 2024, j’ai affronté le format mythique des 82,6 km pour le 70ème anniversaire de la course. Mon objectif était simple : terminer cette course. C’était ma première fois sur une distance aussi longue et ma première véritable course de nuit. Après 12 heures, 5 minutes et 51 secondes d’effort, je peux le dire : la SaintéLyon est une leçon d’humilité et de gestion.
Vous préparez votre première SaintéLyon ou vous cherchez des avis et conseils pour l’épreuve de cette année ? Ce récit de course est fait pour vous. Je partage mon expérience, les erreurs à éviter, et les astuces concrètes (matériel, stratégie, alimentation) qui m’ont permis de franchir la ligne d’arrivée.
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La SaintéLyon 82,6 km en chiffres : contextualiser ma performance
Avant de plonger dans le vif du sujet et de vous raconter la nuit, il est crucial de contextualiser cette aventure. Voici un aperçu des statistiques officielles de la SaintéLyon 2024 qui démontrent à quel point la gestion de course est primordiale pour ne pas finir parmi les abandons.
- Distance officielle : 82,6 km
- Dénivelé positif officiel : 2306 m D+
- Temps final (mon temps) : 12 heures, 5 minutes et 51 secondes.
- Temps médian SaintéLyon 82,6 km : 11 heures 30 minutes.
- Participants / Finishers : 7 158 partants pour 6 252 finishers (soit un taux d’abandon d’environ 12,6 %).
Préparation et stratégie : anticiper la nuit et le froid
Entraînement : l’habitude de l’obscurité et le volume de préparation
Grâce à mes entraînements avec le club de Triathlon de Brive, j’avais l’habitude de courir de nuit pendant l’hiver.
Pour affronter les 82,6 km de la SaintéLyon, j’ai suivi un plan d’entraînement d’environ 12 semaines après l’été. Ce plan comprenait un pic de volume à 75-80 km par semaine, avec un accent particulier sur la sortie longue (plus de 4 heures) tous les week-ends pour habituer l’organisme à l’effort prolongé. Intégrer le dénivelé (2306 m D+) dans les sorties était crucial, car plus les kilomètres défilent, plus les montées du parcours sont exigeantes.
Gestion du stress et de l’attente à Saint-Étienne
Courir avec un ami a été un grand soutien. Cependant, l’attente du départ dans le hall de Saint-Étienne est un défi psychologique.
⚠️ Erreur à éviter : J’ai regretté de ne pas avoir pensé à prendre un petit matelas de sol ou un duvet. Il est difficile de dormir avec le bruit et le monde, mais s’allonger confortablement pendant ces quelques heures est crucial pour économiser l’énergie avant l’effort.
Mon équipement anti-froid : le matériel indispensable
En 2024, le parcours n’était pas humide, mais le froid était bien présent, se transformant même en gel au petit matin.
Les chaussures : polyvalence et amorti
J’ai choisi les Asics Trabuco 12. Leur bon équilibre entre accroche pour les chemins et amorti souple est idéal pour le profil de la SaintéLyon, qui alterne entre sentiers et portions de bitume. Elles se sont bien comportées sur les passages en gel.
La lampe frontale : puissance et sécurité
J’ai opté pour la Stoot Kiska 3. Jusqu’à 1200 lumens, elle m’a permis d’anticiper les pièges du terrain. J’avais une batterie de rechange dans mon sac pour parer à toute éventualité.
Vêtements : la règle des trois couches
La SaintéLyon, c’est l’affrontement direct avec le froid de décembre. Pour éviter l’hypothermie ou la surchauffe (qui mène à la transpiration et donc au refroidissement), la gestion thermique est essentielle. J’ai respecté la fameuse règle des trois couches :
- Couche 1 (Évacuation) : Sous-vêtement technique de la marque Craft. Le rôle de cette couche est primordial : elle doit évacuer l’humidité (la transpiration) loin du corps.
- Couche 2 (Isolation) : Cette couche a pour mission de piéger la chaleur. J’ai choisi une micro-polaire de Salomon, légère mais très efficace, qui offrait une excellente isolation sans être trop volumineuse.
- Coupe-Vent : Un K-WAY Asics Fujitrail. Bien que je n’aie pas eu besoin de la porter tout le long, cette veste est la couche de protection contre les éléments (vent et pluie/neige fine). Elle était essentielle dans le sac, car le coupe-vent est votre bouclier lors des arrêts prolongés ou si le vent se lève sur les plateaux.
- Extrémités : Bonnet Brooks et gants Craft offrant une protection contre le vent. Le corps perd une grande partie de sa chaleur par les extrémités. Le bonnet (tête) et les gants (mains) sont donc non négociables surtout que j’ai très souvent les mains et pieds froids. Ils doivent être légers et, si possible, offrir une coupe-vent comme c’était le cas des gants Craft pour éviter que le froid ne s’installe.
Le récit de course : euphorie et leçons
L’erreur du départ trop rapide
Nous sommes partis dans le SAS Performance et avons fait une erreur classique : le piège du bitume. Nous avons couru les premiers 3 km à une moyenne de 4:55/km. C’était clairement trop rapide ! Le contrecoup est arrivé dès le premier ravitaillement (Saint-Christo, km 19,9).
Retour à la zone de confort et stratégie d’alimentation
Heureusement, j’ai réussi à ralentir et à revenir dans une zone de confort jusqu’au Camp (km 48,3).
Ma stratégie alimentaire a été rigoureuse : boire régulièrement, manger toutes les heures, en privilégiant le salé (produits Naak, soupes) et les capsules de sel pour prévenir les problèmes digestifs. Cette stratégie a été payante : aucune nausée.
Tableau de marche : planifier ses ravitaillements (mes temps de passage réels)
Pour visualiser la progression et le temps écoulé, j’avais établi un plan de course basé sur les ravitaillements. Ce tableau de marche, avec mes temps réels, met en lumière le moment critique où la course a basculé à cause d’une erreur de gestion de l’arrêt.
| Point clé | Distance (Km) | Barrière horaire (BH) | Temps de course (H:MM:SS) | Ma leçon |
|---|---|---|---|---|
| Saint-Christo | 19,9 km | BH + 4h30 | 1h59m55s | Plein d’eau rapide, éviter l’euphorie. |
| Sainte-Catherine | 33,3 km | BH + 7h00 | 3h42m58s | Boisson chaude, alimentation salée régulière. |
| Le Camp – St-Genou | 48,3 km | BH + 9h30 | 5h45m08s | Point de pivot, Remplacement si nécessaire des vêtements mouillées. |
| Soucieu-en-Jarrest | 61,1 km | BH + 12h15 | 7h34m51s | Repas chaud (soupe) et rechargement des calories. |
| Chaponost | 68,6 km | BH + 13h30 | 9h11m40s | Mon erreur : L’arrêt bien trop long qui a coûté 2 heures et le classement. |
| Arrivée | 82,6 km | 16h30 | 12h05m51s | N/A |
Le moment le plus difficile : Chaponost
Le moment le plus difficile a été à partir du Km 70, juste après le ravitaillement de Chaponost (km 68,6). Nous nous sommes arrêtés 10 minutes. Mon corps s’est refroidi immédiatement, mes muscles se sont raidis, et la reprise fut terrible.
Chute de classement : J’étais 1069e au km 61, et j’ai fini 3324e ! Entre le km 73 et l’arrivée, notre rythme moyen est tombé à 13 min/km. C’est la preuve qu’une pause trop longue peut briser une course.
L’atmosphère de la SaintéLyon : le reportage officiel
Pour revivre l’atmosphère unique de cette 70e édition de la SaintéLyon, où le serpent lumineux des frontales a tracé son chemin de nuit, voici le reportage officiel de l’événement.
Les 5 conseils incontournables pour réussir votre SaintéLyon
Si vous prévoyez de courir la SaintéLyon 82,6 km, retenez ces leçons tirées de mon expérience 2024 :
- Ne jamais s’arrêter longtemps : Ne vous arrêtez pas plus de 2 à 3 minutes aux ravitaillements.
- Gérer sa monture : Partir très lentement. Ne vous fiez pas au rythme des autres sur le bitume initial. La course se joue dans le dernier tiers.
- Privilégier le salé et les capsules de sel : Évitez les produits trop sucrés sur la durée pour prévenir l’écœurement et les troubles digestifs.
- Attention au gel et aux murs : Le parcours est roulant, mais les passages gelés au petit matin et les “murs” à grimper nécessitent de la prudence et un travail de côtes en amont.
- Trouver un partenaire de souffrance : Courir avec un ami ou un groupe est le facteur le plus mémorable et le plus motivant pour traverser les coups de mou.
Conclusion : la SaintéLyon, une leçon d’humilité
Franchir la ligne d’arrivée après plus de douze heures dans la nuit et le froid est une immense délivrance. Malgré les douleurs, c’est un souvenir incroyable.
Si vous hésitez, lancez-vous ! Gérez votre course, écoutez votre corps, et surtout, ne vous arrêtez pas trop longtemps ! Avez-vous déjà couru la SaintéLyon ? Quel est votre conseil pour les coureurs ? Partagez votre expérience ou posez vos questions dans les commentaires !